lundi 15 octobre 2007

Meeting Digitalism

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Maxime de Kitsuné (on l’a reconnu à son T-Shirt Parra), nous accueille dans le bunker d’EMI et nous présente à Jens pendant qu’Isi finit son coup de fil. Il est dix heures, les Digi se lèvent tôt. Une fois le crew réuni, nous nous attablons pour l’interview dans le jardin des locaux. Pendant que Jens nous présente de loin « Malboro girl », Isi, très pro, teste le magneto :


« One Two One Two »

On y est, comment vous êtes vous rencontrés ?

Isi : On s’est rencontré chez un disquaire, il y a dix ans.

A Hambourg ?

I : Oui, à Hambourg, notre base ! J’étais le client quotidien et Jens y travaillait.

Quelle est l’alchimie qui vous poussa à former un groupe ?

Jens : En fait dès lors que nous nous sommes rencontrés on a beaucoup traîné ensemble, notamment chez les disquaires et comme nous mixions tous les deux, on a commencé à mixer ensemble. Puis on a travaillé sur des edits pour avoir des trucs nouveaux dans les DJ sets.

Pendant ce temps, Isi s’était mis à bosser dans la distribution de disques. On travaillait donc tous les deux avec des vinyls toute la semaine, et il y avait tellement de nouveautés que s’en était juste trop ; on a commencé à s’en lasser. C’était chiant, on ne trouvait plus rien d’intéressant.

Vous avez donc décidé de faire votre propre son…

J : Oui, on a commencé à produire car on ne trouvait pas de musique « that kicked ass ». On a donc du la faire nous-même.

J’ai écouté votre album, entendu beaucoup d’influences musicales...

I : Oui, en grandissant nous avons écouté beaucoup de musique ; aussi il y avait une station de radio à Hambourg en 93 ou 94, où ils passaient des tracks de club. C’était cool, on découvrait une musique totalement différente. À cette époque, on écoutait des groupes comme 2 Unlimited. Mais le plus important, c’est qu’on écoutait beaucoup de choses différentes.

J : Oui, on n’aime pas se focaliser sur un truc.

I : Ca nous a beaucoup apporté.

J : On s’est intéressé à la club music lorsqu’on avait respectivement onze et quatorze ans, mais on était trop jeunes pour aller en club. C’est quand j’ai commencé à travailler chez le disquaire qu’on a commencé à sortir en club.

Vous avez quel âge maintenant ?

J : Moi 25 et Isi 27. Pour en revenir aux influences, on écoutait beaucoup de Hip Hop, Isi a commencé par mixer de la disco, et j’écoutais pas mal de sons provenant de Grande-Bretagne (comprendre Acid House). On écoute aussi beaucoup de B.O. : on adore le cinéma, les B.O. de Jurassic Park ou Star Wars sont de grandes influences pour nous.

Y’a t il des influences pas rapport à votre environnement à Hambourg ?

J : Oui, en fait Hambourg n’est pas comme Berlin : dès que tu es à Berlin tu baignes dans la scène Minimal tech allemande, à Hambourg c’est plus facile de faire ce que tu veux sans être rattaché à une scène. Il y a beaucoup de Hip Hop allemand, de musique indé et plein d’autres genres made in Hambourg. C’est vraiment différent de ce qui peut se passer à Berlin ou ailleurs en Allemagne. Hambourg est donc une ville très relax avec beaucoup d’eau et de verdure… On n’a pas vraiment fait gaffe aux gens autour de nous, on s’en foutait un peu, on faisait nos sons et nos sets, c’est tout.

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Vous avez envoyé la demo d’Idealism à Kitsuné et c’est comme ça que tout a commencé ?

J : Ouais

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Les groupes sont un peu la tendance du moment, comme un revival Daft Punk. Comment vous pourriez expliquer ça ?

J : Je pense qu’aujourd’hui on recycle tout, et en ce moment les gens recyclent les années 90 non ? Et c’est à ce moment-là que les Daft ont déboulé… Tu sais en ce moment ça ressemble vraiment à la fin des années 90. Et puis peut-être que les gens en ont marre de la minimale, qu’ils cherchent quelque chose de plus mélodieux, excitant ou accessible, c’est peut-être pour cela aussi que le phénomène « Daft Punk » revient.

Pensez-vous que le dénommé son « New Rave » implique d’être joué par des groupes ?

C’est à ce moment que les deux se fendent la gueule. Je l’avais prévu, parler de New Rave est une chose délicate, aussi c’est l’occasion pour Isi de faire le point :

« La New Rave ce n’est pas la musique, c’est la culture. Les Warehouse parties, les gens en pantalons fluos avec des neon sticks à la main, ça c’est réellement - seulement, ce qu’on peut qualifier de New Rave. Mais ce n’est pas la musique car elle n’est pas nouvelle. Nous on voit plutôt ça comme une sorte de nouvelle rock-attitude, tu vois ? »

J : Oui les gens sont très excités en ce moment, très positifs et c’est assez cool car notre musique possède aussi cette qualité.

I : Mais nous ne sommes pas New Rave

J : Non vraiment pas !

Vous allez nous offrir nombre de live cet été dans les festivals. C’est une préférence aux DJ sets ?

J : Oui je pense. On aime les deux, mais on fait plus de live. C’est une opportunité qu’on a pour jouer nos propres sons ; je chante et Isi joue de l’e-drum. Il chante aussi parfois. C’est beaucoup plus marrant pour nous de faire des live.

Est ce que votre album est une tentative de réconcilier rock et electro ?

J : … On n’a rien voulu tenter en fait ; on n’a pas réfléchi à l’étiquette de notre son ni à d’éventuelles ambitions transgenres. Tu sais quand on a commencé, on a juste réfléchi au genre de musique qui nous enthousiasmerait, une musique excitante, et c’est le son qui en est sorti. Actuellement beaucoup ne nous connaissent que par « Zdarlight » et « Jupiter Room », les EP orientés club, et les gens seront peut-être surpris avec certains tracks de l’album. Mais ce n’est pas une nouvelle direction ; « Pogo » et d’autres productions ont été créés il y a trois ans, ils n’ont jamais été édités c’est tout. On n’a donc rien essayé de faire à part les sons qui nous plaisaient.

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Avez-vous changé votre manière de travailler depuis que vous êtes chez Kitsuné ?

J : Non, parce que c’est avec eux qu’on a vraiment commencé à bosser. Avant on bidouillait de temps en temps dans le studio à Hambourg et c’était tout.

Vous sentez vous proche de la nouvelle scène française, Justice & co ?

J : Oui, bien sûr, mais on ne se sent pas comme y appartenant. On n’est pas New Rave, on n’est pas « New French Scene ». Je veux dire que ce sont plus des amis. Justice par exemple ont le même age que nous. C’est cool ; on les rencontre souvent dans les festivals et on s’amuse bien avec eux, et les autres mecs aussi.

Je vous sens plus proche de Simian Mobile Disco que Justice, dans le son…

J : Ah oui dans le son ! Oui oui, on les connaît aussi, ce sont des mecs sympas. On a aussi beaucoup joué en Grande-Bretagne, et je pense que c’est aussi une influence dans notre musique. C’est pour ça qu’on se rapproche d’un son rock peut-être. C’est vraiment excitant de faire ça et de regarder les gens « like freaking out ».

Quels sont vos futurs projets maintenant ? En duo ou solo ? J’ai vu que Jens avait fait un maxi chez Systematic…

J : Oui, il n’est pas très récent. Je viens juste d’en sortir un nouveau chez Kitsuné. C’était juste un essai d’enregistrement en mono avec pas mal de bruits en arrière-plan, juste pour le fun. On veut plus se concentrer sur Digitalism actuellement, car on vient juste de sortir l’album. On ne sait pas ce qui va se passer après, on se concentre sur ce qui se passe maintenant.

Donc vous travaillez beaucoup sur les live…

I : Et sur les interviews aussi…

Vous pensez que les artworks des pochettes sont de plus en plus importants ?

I : Oui, bien sûr, c’est une vraie culture aujourd’hui. Chaque jour tu as des pochettes de vinyl ultra graphiques. C’est beau, et tu peux en acheter beaucoup car ils sont « si beaux sur ton mur ». C’est vraiment cool.

Du pur marketing ou ça va plus loin ?

I : Non c’est pas du marketing.

J : Non je pense qu’aujourd’hui l’artwork est comme si on voulait faire un tout. C’est une sorte de mode, la musique et l’artwork. Il y a quelques années les gens s’en foutaient presque et aujourd’hui tout le monde essaye d’exprimer un truc en plus par le graphisme. C’est cool !

Oui en plus Kitsuné sont un peu des stars de l’artwork...

I : En fait c’est le premier label, je pense, à avoir une réelle identité graphique.

J : Ils réfléchissent beaucoup à ce qu’ils vont mettre sur les pochettes, il y a beaucoup d’histoires derrière.

I : C’est important ! Je veux dire que tu n’achètes pas qu’un disque. Tu as toute une histoire quand achètes un disque Kitsuné. Il y a beaucoup de portraits de gens plus ou moins connus en général sur les pochettes, comme ceux des Soulwax par exemple. Ce sont des gens qui sont des amis ou qui sont très proches d’eux.

J : Oui ils font vraiment attention à ça.

I : Aujourd’hui tu achètes un disque pour le package complet. Beaucoup de labels ont repris le truc et tu les connais, c’est donc important.

Comme Ed Banger ?

I : Oui beaucoup de gens font ça parce qu’ils voient que ça marche et les gens se demandent quand ils voient la pochette : Qu’est ce qu’ils ont voulu dire avec ça ? Et c’est ça le plus important.

C’est vous qui avez dirigé les artworks pour les B-sides de vos maxis ?

J : Oui oui, c’est nos dessins. On en a aussi fait pour la pochette de l’album, en brun très foncé sur le fond noir, des sortes de symboles. Mais on ne fait pas l’artwork final : chez kitsuné ils ont quatres mecs à Londres qui s’occupent de tout ça, on échange avec eux.


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Vous avez appris le Français ?

I : « Merci, au revoir, ça va bien ? »

C’est la fête ?

I : « Maybe c’est la fête »

J : « C’est la fête means that’s the party or what ? »

Oui

I : « Un peu, oh putain »

J : On connaît un peu de vocabulaire, oui…

I : C’est suffisant, on voyage dans pas mal de pays et c’est cool ; on apprend des mots vraiment cool, comme en Espagne il y a des mots en Espagne…

Jens coupe la parole à Isi qui se lançait dans un pur espagnol ghettoïsant

« On nous appelle souvent les Rudeboys »

I : Le Japonais aussi c’est vraiment intéressant…


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( Merci à Maxime de Kitsuné, Cécile de Lemonsound, Isi, Jens, leur manager, Kitsuné et EMI. )



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